25/05/2021
Pétales de Rêves
Série Essence de la Vie
Acryliques et pigments purs
sur papier toilé 230g/m² sans acide
cadre Nielsen 41 X 51
Musique écoutée: harpe de Lavinia Meijer Nuvole Bianche
Pétales de rêves
Lorsque le soir venu
Mes yeux s'ensommeillent
Que mes paupières
Se fardent d'azur
Et que mes pupilles
Se teintent de pivoines
Alors
Une brise légère
Caresse mes pensées,
La rosée perle mon âme
De senteurs délicates,
Mon cœur éclot de sa chrysalide
Et laisse suinter une larme de rêve,
Source d'émotions pures
Au goût de miel.
L'oiseau jardinier,
Artisan de nids douillets,
Vole et virevolte
Au chant de l'espérance,
Déploie ses ailes d'espoir
Et m'entraîne dans la danse,
Écume de la vie et de l'amour,
Invite mes sens à se laisser sentir.
Nul besoin d'oreillers
Aux plumes d'oies
Ni de draps de soie
Pour qu'alors
La magie de la poésie des sens
Se nourrisse
des Larmes du bonheur.
S. GRICH tous droits réservés- Adagp
Blütenblätter der Träume
Wenn der Abend anbricht und
meine Augen einschlummern,
sobald Meine Augenlider sich
Mit Azur bemänteln
Und sofern meine Augensterne
mit Pfingstrosen gefärbt sind
So Dann
Eine leichte Brise
Streichelt meine Gedanken,
Der Tau perlt auf meiner Seele
Mit zarten Düften,
Mein Herz bricht aus seiner Schale heraus
Und weint eine Träne des Traums,
Quelle der reinen Emotionen
Mit einem Hauch von Honig.
Der Gärtnervogel,
Schöpfer von Wohlfühlnestern,
fliegt und wirbelt
Zum Lied der Verheißungen,
Breitet seine Flügel der Hoffnung aus
Und zieht mich in den Tanz hinein,
Schaum des Lebens und der Liebe,
Lädt meine Sinne ein, dass ich es spüre.
Kein Bedarf an Kopfkissen
Mit Gänsefedern
Weder noch Seidenlaken
So dass dann
Die Zauberkunst der Poesie der Sinne
Wird ernährt
Mit Tränen des Glücks.
S. GRICH alle Rechte vorbehalten- Adagp
19/05/2021
La tête dans les nuages
entre rêve et illusion
les bulles de nuages
grises teintées de blancs
m'inspirent et m'aspirent
qui puis-je
Rêve et illusion, la force d’une intention
Chère âme, t’arrive-t-il de rêver ?
Je rêve et j’imagine
écrire cette nouvelle partition
aux notes universelles
d’un monde plus serein.
J’inscris comme un harpiste
des blanches colorées
d’amour et de tendresse
aux sons chauds et vibrants.
Chère âme, crois-tu qu’il soit sage de rêver ?
Tout ceci n’est-il pas qu’illusion ?
Ma chère âme sosie
Ne faut-il pas Se rêver
Pour que ce que tu nommes illusion
devienne un jour réalité .
Comment sinon garder en son cœur
une foi intacte en l’humanité ?
Je rêve d’un dauphin ailé
force d’espoir et de douceur.
J’imagine de blancs nuages
aux couleurs de la paix.
je rêve et j’imagine
mon sommeil prendre son empreinte
colorer mes yeux et tes yeux
et irradier ce monde.
Pour que cette illusion rêvée
Devienne un jour réalité.
s.grich tous droits réservés – Adagp.
Kopf in den Wolken
zwischen Traum und Illusion
die Blasen der Wolken
grau mit weiß gefärbt
inspirieren mich und saugen mich ein
was kann ich dafür!
Traum und Illusion, die Kraft einer Absicht
Liebe Seele, träumst du manchmal?
Ich träume und stelle mir vor
Schreiben dieser neuen Partitur
mit Universaltönen
einer heiteren Welt.
Ich schreibe wie ein Harfenspieler
farbige weiße Noten
von Liebe und Zärtlichkeit
mit warmen und lebendigen Klängen.
Liebe Seele, glaubst du, dass es weise ist, zu träumen?
Ist das nicht alles Illusion?
Meine liebe Doppelgänger Seele
Ist es nicht notwendig zu träumen
Damit das, was du Illusion nennst,
Wird eines Tages Realität werden.
Wie sonst sollte man im Herzen behalten
einen intakten Glauben an die Menschlichkeit?
Ich träume von einem geflügelten Delfin
eine Kraft der Hoffnung und Sanftmut.
Ich stelle mir weiße Wolken vor
in den Farben des Friedens.
Ich träume und stelle mir vor
mein Schlaf nimmt seinen Abdruck
färbt meine Augen und deine Augen
und bestrahlt diese Erde.
So dass diese geträumte Illusion
Wird eines Tages Realität werden.
S.grich alle Rechte vorbehalten - Adagp.
09/05/2021
SOUVENIRS - MÉMOIRE
Documents Familiaux
Mon père avait tout juste vingt ans quand il a dû rédiger et signer cette déclaration sur l'honneur attestant que ni lui, ni aucun des membres de sa famille ni aucun des membres de sa descendance, que ce soit du côté paternel ou du côté maternel, n'était d'origine juive.
C'était demandé par le régime de Vichy
La loi du 3 octobre 1940 « portant statut des Juifs
appelée par les historiens « premier statut des Juifs », est un acte édicté par le régime de Vichy par lequel celui-ci donne une définition, à son sens légale, à l'expression « de race juive » qui sera employée durant l'Occupation pour la mise en œuvre dans le cadre de la Révolution nationale d'une politique corporatiste et « raciale » antisémite. Elle précise les professions désormais interdites aux personnes répondant aux critères édictés.
Numérotée 28, elle précède d'un jour la « loi relative aux ressortissants étrangers de race juive » qui autorise et organise l'internement des Juifs étrangers et marque le début de la politique de collaboration du régime de Vichy à l'extermination des Juifs d'Europe. Ces deux « lois » sont parues simultanément au Journal officiel deux semaines plus tard, le 18 octobre 1940.
« Loi » d'exception qui sera remplacée le 14 juin 1941 par le second statut des Juifs, elle usurpe le nom de loi en dépit des positions du Conseil d'État resté en place, le Parlement n'étant plus en fonction depuis le 11 juillet 1940.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_statut_des_Juifs
J'avais tout juste quinze ans quand j'ai escaladé les grilles du lycée pour participer à une manifestation.
Lorsque je suis rentrée chez moi, il m'a fallu faire signer le motif de l’absence aux cours que j'avais "séchés"!
Je m'attendais à un sermon
et
à ma grande surprise
il en fut tout autrement.
Un moment que je n'ai jamais oublié
Le regard de mon père s'est figé dans le lointain, comme plongé dans des souvenirs dont je ne pouvais soupçonner l'existence car toujours de silence ils sont restés durant sa vie, blottis dans son cœur mais vivant et vivace en son esprit.
Après un temps de silence, il a signé mon carnet et le justificatif d’absence que j'avais noté et m'a simplement dit : "Méfie-toi, méfie-toi des mouvements de masse !"
Son ton doux et douloureux à la fois m'a profondément marqué.
Cette période de guerre n'a été que peu évoquée au sein de la famille. Parfois, lors d'un repas, des anecdotes, des souvenirs, l'évocation des sirènes, de la fuite en zone libre de ma grand-mère maternelle avec ses deux filles, nous écoutions avec grand intérêt et émotion ces petites histoires imbriquées dans une autre histoire, celle de la guerre.
Il y avait comme une grande pudeur à ne pas tout dire, c'est du moins ce que j’ai ressenti.
Ce n'est qu'au décès de mes parents que nous avons découvert ces documents, soigneusement rangés dans une petite valise et classés dans des pochettes.
Pour se remémorer et ne pas oublier, il faut que la mémoire soit nourrie, qu'elle soit abreuvée par les souvenirs, la connaissance, la culture, les rencontres, qu'elle soit éclairée par la réflexion, qu'elle ne soit pas mémoire du passé mais mémoire active du présent.
Dans cette période où tout et son contraire se dit, se déforme, pollue notre capacité à réfléchir.
Que penser, comment exprimer une pensée, une idée, une suggestion sans se faire incendier ?
Comment encore penser aujourd'hui, de façon objective, éclairée ?
Bien souvent je me demande à quoi sert notre mémoire et surtout ce qu'on en fait puisque
Toujours et toujours, les conflits, les guerres éclatent,
Toujours et encore les poètes écrivent et inscrivent cette mémoire
Toujours et encore détruire et reconstruire, faire table rase des erreurs du passé.
Je vous propose quelques citations et réflexions d’auteurs, poètes, philosophes qui, personnellement m'inspirent et me font réfléchir, ou tout au moins m'aide à cheminer dans cette période particulièrement bouleversée.
G. Orwell dans une lettre du 5 décembre 1946. « La Ferme des animaux »
« Je voulais montrer que cette sorte de révolution - une révolution violente comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être ivres de pouvoir – ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale selon moi est que les révolutions ne sont une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot » *
Hannah Arendt entretien publié dans le New-Yorker en 1970.
« Le plus radical des révolutionnaires deviendra un conservateur le jour d’après la révolution…
Les révolutionnaires sont ceux qui savent quand le pouvoir est à terre et quand il faut le ramasser. »*
« Qu’est-ce que l’improbable ?
C’est ce qui n’est pas impossible, mais peut advenir de façon inattendue. » Edgar Morin
« Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas. » Héraclite.
Mahmoud Darwich - une mémoire pour l’oubli.
« Je veux inventer
Les mots qui feront de la langue l’acier de l’esprit.
Je veux chanter, inventer la langue qui me portera et que je porterai, qui témoignera et me prendra à témoin de cette force, en nous, capable de surmonter la solitude universelle".
« La réalité, tant qu’elle n’est pas consignée, n’est pas tout à fait réalité »
Dialogues d’exilés de Brecht.
« Kalle : Quand on parle tant de liberté, c’est louche. Une chose m’a frappé : la phrase « chez nous, tout le monde est libre » revient chaque fois que quelqu’un se plaint d’un manque de liberté. On lui lance tout de suite : « chez nous, règne la liberté d’opinion. Chacun peut avoir les convictions qu’il lui plaît. ». C’est exact, mais au fond c’est comme partout. La seule chose interdite, c’est de manifester ses convictions. Ça, c’est un délit. »
Edgar Morin - penser global
« La voie nouvelle ou métamorphose
Je pense que le mot métamorphose est plus riche que le mot révolution. Le mot révolution dans son sens général, a été beaucoup galvaudé. Cependant il est sain qu’il y ait encore des révolutions dans différentes nations. Selon moi, la grande révolution, « du passé faisons table rase », a montré son échec dans l’Union soviétique ou en Chine. Elle a montré que sa violence engendrait une nouvelle violence. La métamorphose signifie qu’il n’y a pas rupture totale avec le passé : on utilise au contraire l’acquis culturel de l’histoire passée de l’humanité.
C’est le processus de transformation que nous connaissons très bien chez la chenille qui ; s’enfermant dans sa chrysalide, commence à s’autodétruire en tant que chenille, y compris en détruisant son système digestif, pour s’autoconstruire avec des ailes en tant que papillon. La chenille est devenue autre, à partir d’elle-même. »
« Il faut donc se demander ce que l’on gagne et ce que l’on perd dans ce qu’on appelle un progrès […] Nos progrès matériels provoquent la régression des convivialités, des relations humaines. »
« À la liberté, l’homme industriel préfère désormais confort et sécurité, une aliénation de masse bien plus efficace que toutes les dictatures. »* Stéphane Leménorel - Poète et philosophe .
Sources et références d'ouvrages, à lire ou à découvrir :
Théâtre
• Dialogues d’exilés de Bertolt Brecht. Ci-après un lien pour la description de la pièce de théâtre.
https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Dialogues-d-exiles/ensavoirplus/
Roman
• Une mémoire pour l'oubli de Mahmoud Darwich
• Le Pentateuque d' Angel Wagenstein (difficile de se le procurer car il n'est plus édité)
• Penser global d' Edgar Morin
• In den Alpen d' Elfriede Jelinek - elle questionne la responsabilité de l'Autriche et surtout sa décharge de responsabilité revendiquée sous couvert de l'occupation
• La philosophie n'est pas tout à fait innocente d'Hannah Arendt - Karl Jaspers
• Le Liseur de Bernhard Schlink
• Philosophie magazine Hors-série : George Orwell , ça nous regarde paru ce mois ci
Ouvrage - études
• Nazisme et communismes deux régimes dans le siècle de Marc Ferro
• Des Allemands contre le nazisme oppositions et résistances 1933 - 1945 (Albin Michel)
• Le nazisme des origines à 1945 de Enrique Leon et Jean-Paul Scot cursus histoire - Armand colin
• Cinq mots forts de la propagande nazie de Ralph Keysers
• Nation, nationalités et nationalismes en Europe P Cabanel - documents-Histoire - Ophrys
Deutsche Übersetzung :
Mein Vater war gerade zwanzig Jahre alt, als er diese Ehrenerklärung schreiben und unterschreiben musste, dass weder er, noch einer seiner Familienangehörigen, noch einer seiner Nachkommen, weder väterlicher- noch mütterlicherseits, jüdischer Herkunft waren.
Dies wurde vom Vichy-Regime gefordert
Das Gesetz vom 3. Oktober 1940 "über den Status der Juden "*, von Historikern "der erste Status der Juden" genannt
von Historikern "das erste Judenstatut" genannt, war ein vom Vichy-Regime erlassenes Gesetz, das den Ausdruck "der jüdischen Rasse" im juristischen Sinne definierte, der während der Okkupation zur Umsetzung einer antisemitisch-korporatistischen und "rassischen" Politik im Rahmen der Nationalen Revolution verwendet werden sollte. Es legt die Berufe fest, die fortan für Personen, die die festgelegten Kriterien erfüllen, verboten sind.
Mit der Nummer 28 ging es dem "Gesetz über Ausländer jüdischer Rasse" um einen Tag voraus, das die Internierung ausländischer Juden erlaubte und organisierte und den Beginn der Politik der Kollaboration des Vichy-Regimes bei der Vernichtung der europäischen Juden markierte. Diese beiden "Gesetze" wurden zwei Wochen später, am 18. Oktober 1940, gleichzeitig im offiziellen Tagebuch veröffentlicht.
Dieses Ausnahme-"Gesetz", das am 14. Juni 1941 durch das zweite Judenstatut ersetzt wurde, usurpierte den Namen des Gesetzes trotz der Stellungnahmen des Staatsrates, der im Amt geblieben war, da das Parlament seit dem 11. Juli 1940 nicht mehr im Amt war.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_statut_des_Juifs
Ich war gerade fünfzehn Jahre alt, als ich die Tore der Oberschule erklomm, um an einer Demonstration teilzunehmen.
Als ich nach Hause kam, musste ich den Grund für meine Abwesenheit von den Klassen, die ich "übersprungen" hatte, unterschreiben lassen!
Ich habe einen Vortrag erwartet
und
zu meiner großen Überraschung
war es ganz anders.
Ein Moment, den ich nie vergessen habe
Der Blick meines Vaters erstarrte in der Ferne, als sei er in Erinnerungen eingetaucht, von denen ich nicht ahnen konnte, dass es sie gab, denn sie blieben in seinem Leben immer stumm, eingebettet in seinem Herzen, aber lebendig und anschaulich in seinem Geist.
Nach einer Zeit des Schweigens unterschrieb er mein Notizbuch und die Begründung für meine Abwesenheit, die ich notiert hatte, und sagte nur: "Vorsicht, Vorsicht vor Massenbewegungen!"
Sein sanfter und doch schmerzhafter Ton machte einen tiefen Eindruck auf mich.
Diese Zeit des Krieges wurde in der Familie kaum erwähnt. Manchmal, während einer Mahlzeit, Anekdoten, Erinnerungen, die Beschwörung der Sirenen, die Flucht in die freie Zone meiner Großmutter mütterlicherseits mit ihren beiden Töchtern, wir hörten mit großem Interesse und Gefühl diesen kleinen Geschichten zu, die in eine andere Geschichte, die des Krieges, verwoben waren.
Es war eine große Bescheidenheit, nicht alles zu erzählen, zumindest habe ich das so empfunden.
Erst als meine Eltern starben, entdeckten wir diese Dokumente, sorgfältig in einem kleinen Koffer aufbewahrt und in Taschen geordnet.
Um sich zu erinnern und nicht zu vergessen, muss das Gedächtnis genährt werden, gefüttert durch Erinnerungen, Wissen, Kultur, Begegnungen, erhellt durch Reflexion, nicht eine Erinnerung an die Vergangenheit, sondern eine aktive Erinnerung an die Gegenwart.
In dieser Zeit, in der alles und sein Gegenteil gesagt und verzerrt wird, verschmutzt unsere Fähigkeit zu denken.
Was soll man denken, wie drückt man einen Gedanken, eine Idee, eine Anregung aus, ohne in Brand gesetzt zu werden?
Wie können wir heute noch objektiv und aufgeklärt denken?
Ich frage mich oft, wozu unser Gedächtnis dient, und vor allem, was wir damit machen, denn
Immer und immer wieder kommt es zu Konflikten und Kriegen,
Immer wieder schreiben Dichter diese Erinnerung auf und schreiben sie ein
Immer und immer wieder zerstören und neu aufbauen, die Schiefertafel von vergangenen Fehlern abwischen
Ich biete Ihnen ein paar Zitate und Überlegungen von Autoren, Dichtern, Philosophen, die mich persönlich inspirieren und zum Nachdenken anregen, oder mir zumindest helfen, durch diese besonders unruhige Zeit zu gehen.
G. Orwell in einem Brief vom 5. Dezember 1946. "Farm der Tiere".
"Ich wollte zeigen, dass diese Art von Revolution - eine gewaltsame Revolution als Verschwörung von Leuten, die sich nicht bewusst sind, dass sie von der Macht betrunken sind - nur zu einem Wechsel der Herren führen kann. Die Moral ist meiner Meinung nach, dass Revolutionen nur dann eine radikale Verbesserung sind, wenn die Massen wachsam sind und wissen, wie sie ihre Führer feuern können, sobald sie ihre Arbeit getan haben.
Hannah Arendt-Interview, veröffentlicht im New Yorker 1970.
"Der radikalste Revolutionär wird am Tag nach der Revolution zu einem Konservativen...
Revolutionäre sind diejenigen, die wissen, wann die Macht am Boden liegt und wann sie entfernt werden muss. "*
"Was ist das Unwahrscheinliche?
Es ist das, was nicht unmöglich ist, aber unerwartet passieren kann. " Edgar Morin
"Wenn Sie nicht nach dem Unerwarteten suchen, werden Sie es nicht finden. " Heraklit.
Mahmoud Darwich - eine Erinnerung für die Vergessenen.
Ich möchte erfinden
Die Worte, die aus der Sprache den Stahl des Geistes machen werden.
Ich möchte singen, die Sprache erfinden, die mich tragen wird und die ich tragen werde, die mich zum Zeugen dieser Kraft in uns machen wird, die fähig ist, die universelle Einsamkeit zu überwinden. "
"Die Wirklichkeit, solange sie nicht aufgezeichnet wird, ist nicht ganz Wirklichkeit"
Brecht - Flüchtlinge Gespräche
"Kalle: Wenn Sie so viel von Freiheit reden, ist das verdächtig. Eines ist mir aufgefallen: Der Satz "hier ist jeder frei" kommt immer dann, wenn sich jemand über mangelnde Freiheit beschwert. Sie sagen sofort: "In unserem Land gibt es Meinungsfreiheit. Jeder kann die Überzeugungen haben, die er will. ". Das stimmt, aber im Grunde ist es wie überall sonst auch. Das einzige, was verboten ist, ist, seine Überzeugungen zu manifestieren. Das ist ein Verbrechen. "
Edgar Morin - global denken
"Der neue Weg oder die Metamorphose
Ich denke, dass das Wort Metamorphose gehaltvoller ist als das Wort Revolution. Das Wort Revolution in seiner allgemeinen Bedeutung ist viel missbraucht worden. Es ist jedoch gesund, dass es immer noch Revolutionen in verschiedenen Nationen gibt. Meiner Meinung nach hat die große Revolution, "lasst uns reinen Tisch machen", ihr Scheitern in der Sowjetunion oder in China gezeigt. Sie hat gezeigt, dass ihre Gewalt neue Gewalt erzeugt. Metamorphose bedeutet, dass es keinen totalen Bruch mit der Vergangenheit gibt: Im Gegenteil, es wird auf die kulturellen Errungenschaften der vergangenen Menschheitsgeschichte zurückgegriffen.
Dies ist der Transformationsprozess, den wir sehr gut von der Raupe kennen, die, nachdem sie sich in ihre Puppe eingeschlossen hat, beginnt, sich als Raupe selbst zu zerstören, einschließlich der Zerstörung ihres Verdauungssystems, um sich als Schmetterling mit Flügeln selbst zu konstruieren. Die Raupe ist anders geworden, aus sich selbst heraus. "
"Wir müssen uns also fragen, was wir gewinnen und was wir verlieren bei dem, was wir Fortschritt nennen [...] Unser materieller Fortschritt verursacht den Rückschritt der Geselligkeit, der menschlichen Beziehungen. "
"Der Industriemensch zieht heute der Freiheit die Bequemlichkeit und Sicherheit vor, eine Massenentfremdung, die weit effektiver ist als jede Diktatur. " * Stéphane Leménorel - Dichter und Philosoph .
Siehe oben für die Referenzen.
S.GRICH - Adagp
07/05/2021
Mémoires - Souvenirs - Devoir de Mémoire
Documents Familiaux
Mon père avait tout juste vingt ans quand il a dû rédiger et signer cette déclaration sur l'honneur attestant que ni lui, ni aucun des membres de sa famille ni aucun des membres de sa descendance , que ce soit du côté paternel ou du côté maternel, n'était d'origine juive.
C'était demandé par le régime de Vichy
La loi du 3 octobre 1940 « portant statut des Juifs »*
appelée par les historiens « premier statut des Juifs », est un acte édicté par le régime de Vichy par lequel celui-ci donne une définition, à son sens légale, à l'expression « de race juive » qui sera employée durant l'Occupation pour la mise en œuvre dans le cadre de la Révolution nationale d'une politique corporatiste et « raciale » antisémite. Elle précise les professions désormais interdites aux personnes répondant aux critères édictés.
Numérotée 28, elle précède d'un jour la « loi relative aux ressortissants étrangers de race juive » qui autorise et organise l'internement des Juifs étrangers et marque le début de la politique de collaboration du régime de Vichy à l'extermination des Juifs d'Europe. Ces deux « lois » sont parues simultanément au Journal officiel deux semaines plus tard, le 18 octobre 1940.
« Loi » d'exception qui sera remplacée le 14 juin 1941 par le second statut des Juifs, elle usurpe le nom de loi en dépit des positions du Conseil d'État resté en place, le Parlement n'étant plus en fonction depuis le 11 juillet 1940.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_statut_des_Juifs
J'avais tout juste quinze quand j'ai escaladé les grilles du lycée pour participer à une manifestation .
Lorsque je suis rentrée chez moi, il m'a fallu faire signer le motif de l’absence aux cours que j'avais "séchés"!
Je m'attendais à un sermon
et
à ma grande surprise
il en fut tout autrement.
Un moment que je n'ai jamais oublié
Le regard de mon père s'est figé dans le lointain, comme plongé dans des souvenirs dont je ne pouvais soupçonner l'existence car toujours de silence ils sont restés durant sa vie, blottis dans son cœur mais vivant et vivace en son esprit.
Après un temps de silence, il a signé mon carnet et la justification d’absence que j'avais noté et m'a simplement dit: "Méfie toi, méfie toi des mouvements de masse!"
son ton doux et douloureux à la fois m'a profondément marqué.
Cette période de guerre n'a été que peu évoquée au sein de la famille. Parfois, lors d'un repas, des anecdotes, des souvenirs, l'évocation des sirènes, de la fuite en zone libre de ma grand-mère maternelle avec ses deux filles , nous écoutions avec grand intérêt et émotion ces petites histoires imbriquées dans une autre histoire, celle de la guerre.
Il y avait comme une grande pudeur à ne pas tout dire, c'est du moins ce que j’ai ressenti.
Ce n'est qu'au décès de mes parents que nous avons découvert ces documents, soigneusement rangés dans une petite valise et classés dans des pochettes.
Pour se remémorer et ne pas oublier, il faut que la mémoire soit nourrie, qu'elle soit abreuvée par les souvenirs, la connaissance, la culture, les rencontres, qu'elle soit éclairée par la réflexion, qu'elle ne soit pas mémoire du passé mais mémoire active du présent.
Dans cette période où tout et son contraire se dit, se déforme, pollue notre capacité à réfléchir.
Que penser, comment exprimer une pensée, une idée, une suggestion sans se faire incendier?
Comment encore penser aujourd'hui, de façon objective, éclairée?
Bien souvent je me demande à quoi sert notre mémoire et surtout ce qu'on en fait puisque
,toujours et toujours, les conflits , les guerres éclatent,
toujours et encore les poètes écrivent et inscrivent cette mémoire
toujours et encore détruire et reconstruire, faisant table rase des erreurs du passé
à quand la métamorphose...
Je vous propose quelques citations et réflexions d'auteurs , poètes, philosophes qui , personnellement m'inspirent et me font réfléchir , ou tout au moins m'aide à cheminer dans cette période particulièrement bouleversée.
G. Orwell dans une lettre du 5 décembre 1946. « La Ferme des animaux »
«Je voulais montrer que cette sorte de révolution - une révolution violente comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être ivres de pouvoir – ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale selon moi est que les révolutions ne sont une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot »*
Hannah Arendt entretien publié dans le New Yorker en 1970.
« le plus radical des révolutionnaires deviendra un conservateur le jour d’après la révolution…
Les révolutionnaires sont ceux qui savent quand le pouvoir est à terre et quand il faut le ramasser. »*
« Qu’est-ce que l’improbable ?
C’est ce qui n’est pas impossible, mais peut advenir de façon inattendue. » Edgar Morin
« Si tu ne cherches pas l’inespéré , tu ne le trouveras pas. » Héraclite.
Mahmoud Darwich - une mémoire pour l’oubli.
« Je veux inventer
Les mots qui feront de la langue l’acier de l’esprit.
Je veux chanter, inventer la langue qui me portera et que je porterai, qui témoignera et me prendra à témoin de cette force, en nous, capable de surmonter la solitude universelle. »
« La réalité, tant qu’elle n’est pas consignée, n’est pas tout à fait réalité »
Dialogues d’exilés de Brecht.
« Kalle : Quand on parle tant de liberté, c’est louche. Une chose m’a frappé : la phrase « chez nous, tout le monde est libre » revient chaque fois que quelqu’un se plaint d’un manque de liberté. On lui lance tout de suite : « chez nous, règne la liberté d’opinion. Chacun peut avoir les convictions qu’il lui plaît. ». C’est exact, mais au fond c’est comme partout. La seule chose interdite, c’est de manifester ses convictions. Ça, c’est un délit. »
Edgar Morin - penser global
« La voie nouvelle ou métamorphose
Je pense que le mot métamorphose est plus riche que le mot révolution . Le mot révolution dans son sens général, a été beaucoup galvaudé. Cependant il est sain qu’il y ait encore des révolutions dans différentes nations. Selon moi, la grande révolution, « du passé faisons table rase », a montré son échec dans l’Union soviétique ou en Chine. Elle a montré que sa violence engendrait une nouvelle violence. La métamorphose signifie qu’il n’y a pas rupture totale avec le passé : on utilise au contraire l’acquis culturel de l’histoire passée de l’humanité.
C’est le processus de transformation que nous connaissons très bien chez la chenille qui ; s’enfermant dans sa chrysalide, commence à s’autodétruire en tant que chenille, y compris en détruisant son système digestif, pour s’autoconstruire avec des ailes en tant que papillon. La chenille est devenue autre, à partir d’elle-même. »
« Il faut donc se demander ce que l’on gagne et ce que l’on perd dans ce qu’on appelle un progrès […] Nos progrès matériels provoquent la régression des convivialités, des relations humaines. »
« À la liberté, l’homme industriel préfère désormais confort et sécurité, une aliénation de masse bien plus efficace que toutes les dictatures. »* Stéphane Leménorel - Poète et philosophe .
Sources et références d'ouvrages, à lire ou à découvrir:
Théâtre
https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Dialogues-d-exiles/ensavoirplus/
Roman
Ouvrage - études
01/05/2021
" Entraînez-vous à regarder le monde comme vu d'avion, et vous découvrirez comme tout est petit et insignifiant"
Le Cabinet Rouge - August Strindberg (1849 - 1912 )
Réflexion poétique:
À l’horizon d’une oraison
Entre terre et ciel
Une âme nuage
Brume de vie
S’apprête.
Sa main tendue
Espoir de lumière
Gît, à l’horizon
S’ouvre.
Vie d’artifices,
Artifice d’une vie,
Plongée dans le coma
Elle hésite.
Tempêtes et éraflures
Rires et bonheurs,
Son souffle océanique
S’épuise.
Biche aux aboies
À l’horizon d’une oraison
Sa ligne de Vie
S'estompe.
Entre terre et ciel
Une âme nuage
Vie de brume
S’apprête.
S.GRICH tous droits réservés - ADAGP
Réflexion d'un poète: Fedor Dostoïevski (1821 - 1881 )
Le rêve d'un homme ridicule
übersetzung auf deutsch
"Trainiere dich, die Welt wie aus einem Flugzeug zu betrachten, und du wirst entdecken, wie klein und unbedeutend alles ist"
Das rote Kabinett - August Strindberg ( 1849 - 1912 )
Poetische Reflexion
Am Horizont eines Gebets
Zwischen Erde und Himmel
Eine neblige Seele
Nebel des Lebens
Bereitet sich vor.
Ihre Hand ausgestreckt
Hoffnung auf Licht
Liegt, am Horizont
Öffnet sich.
Leben der Künstlichkeit,
künstliches Leben,
Ins Koma gestürzt
Sie zögert.
Stürme und Kratzer
Lachen und Freude,
Ihr ozeanischer Atem
Ermüdet.
Ein belltes Reh
Am Horizont eines Gebets,
Ihre Lebenslinie
Verblasst.
Zwischen Erde und Himmel
Eine neblige Seele
Nebelleben
bereitet sich vor.
S.Grich Alle Rechte vorbehalten - Adagp
28/04/2021
« Pourquoi regardes-tu la Lune ? »
Johann Gabriel Seidl
1804 – 1875
Poète autrichien.
Auteur de la version de 1854 de l'hymne impérial : "Gott erhalte, Gott beschütze unsern Kaiser, unser Land!".
Fils d'un avocat, il fait des études de jurisprudence.
En 1829, il devient professeur en Basse-Styrie, à Celje.
En 1840, il est commissaire au bureau des antiquités de Vienne
puis trésorier de 1859 à 1871.
En plus de ses études, Seidl publie de nombreux poèmes et nouvelles dont les premiers textes
de Nikolaus Lenau (1802- 1850). [un auteur peu connu de la période dite du Biedermeier mais que j’aime beaucoup, notamment pour son « Faust »]
Ses propres poèmes sont mis en musique par Franz Schubert (Die Taubenpost) ou Carl
Loewe.
En plus d'écrire en allemand, Seidl écrit des poèmes dans le dialecte bas-autrichien.
Poésie
• Schillers Manen, (1826)
• Balladen, Romanzen, Sagen und Lieder, (1826)
• Lieder der Nacht, Elegien aus Alfons von Lamartine, Die Deutung, (1826)
• Erzählungen, (1828)
• Bifolien, (1836)
• Liedertafel, (1840)
• Natur und Herz, (1853)
Franz Schubert 1797 - 1828
Schubert est un compositeur à la charnière entre le classicisme et le romantisme.
Auteur d’un opus extrêmement riche en nombre d’œuvres et en variété de formes, il est considéré comme le fondateur du lied.
Initié au violon par son père, et au piano par son frère Ignace, Schubert fait son apprentissage musical (chant, alto, orgue, contrepoint, harmonie)
avec Michael Holzer, organiste de la paroisse de Lichtental.
Devient chanteur à la Chapelle Royale de Vienne où il est engagé comme violoniste dans l'orchestre, ce qui lui permet de connaître des œuvres de Mozart,
Haydn et Beethoven.
Durant quelques années il exerce les fonctions de maître auxiliaire dans l'école que dirigeait son père, puis décide de se consacrer entièrement à la composition.
Franz Schubert est incontestablement le père du Lied romantique allemand, et ce depuis ses toutes premières productions.
Il composera près de 600 Lieder.
Il mettra en musique les poèmes de Goethe, F. Rückert, W. Shakespeare, Wilhelm Müller, entre autres. Mais aussi ceux de Johann Gabriel Seidl
Son unique concert public a lieu à Vienne quelques mois avant sa mort.
Une grande partie de l'œuvre de Schubert ne fut découverte, éditée et créée qu'à titre posthume.
Franz Schubert en 6 œuvres :
• 1814:Gretchen am Spinnrade (Marguerite au rouet), premier grand cycle de l’histoire
du Lied
• 1822:Symphonie en si mineur n°8, « L'inachevée »
• 1823:Die schöne Müllerin (La belle meunière), cycle de Lieder composé en partie à
l’hôpital
• 1827:Winterreise (le Voyage d’hiver), cycle de Lieder
• 1828:Quintette pour piano et cordes « La Truite », D. 667
• 1828:Messe en Mi bémol majeur
Voici donc une œuvre écrite par Seidl et mise en musique par Schubert, Une œuvre que je trouve magnifique !
Je vous propose de l'écouter ici:
(Romancero Gitano, 1928 - traduction d'André Belamich) Le Voyageur à la lune
D 870 [op. 80 no 1] (1826)
Johann Gabriel Seidl
Moi sur la terre, toi dans le ciel,
nous suivons notre route d’un bon pas;
moi grave et troublé, toi douce et pure,
quelle peut donc être cette différence?
Etranger, je vais de pays en pays,
sans patrie, inconnu de tous;
par monts et par vaux, par forêts et prairies,
mais nulle part, hélas, je ne suis chez moi.
Toi, en revanche, tu sillonnes le monde
du berceau du couchant au tombeau du levant,
tu flottes au firmament d’innombrables pays,
et tu es pourtant chez toi là où tu es.
Le ciel, qui s’étend à l’infini,
est ta patrie chérie:
heureux celui qui, quel que soit son but,
foule toujours le sol de la patrie!
Ich auf der Erd’, am Himmel du,
Wir wandern beide rüstig zu:
Ich ernst und trüb, du mild und rein,
Was mag der Unterschied wohl sein?
Ich wandre fremd von Land zu Land,
So heimatlos, so unbekannt;
Berg auf, Berg ab, Wald ein, Wald aus,
Doch bin ich nirgend, ach! zu Haus.
Du aber wanderst auf und ab
Aus Ostens Wieg’ in Westens Grab,
Wallst Länder ein und Länder aus,
Und bist doch, wo du bist, zu Haus.
Der Himmel, endlos ausgespannt,
Ist dein geliebtes Heimatland:
O glücklich, wer, wohin er geht,
Doch auf der Heimat Boden steht!
Hommage à la Lune rose ce soir, alors mettons la à l’honneur et savourons ces délicieux poèmes écrits par
Goethe, Mirmont, Baudelaire, Banville, Queneau, Verlaine, Apollinaire.
Goethe (1749 - 1832)
Nuit de lune
De tes clartés tu remplis
Vallon, bois et plaine,
Et mon âme, au sein des nuits,
Redevient sereine.
Astre pur, dans mon tourment,
Ta flamme adoucie,
Me semble un regard aimant
Penché sur ma vie.
A la pleine lune qui se levait
Veux-tu sitôt m’abandonner ?
Tu étais si près tout à l'heure !
Des masses de nuages t'obscurcissent, ,
Et maintenant te voilà disparue.
Tu sens toutefois quelle est ma tristesse,
Ton bord surgit comme une étoile !
Tu m'attestes que je suis aimé,
Si loin de moi que soient mes amours.
Poursuis donc ta course ! Epands ta clarté
Au ciel pur, dans tout son éclat!
Bien que mon cœur souffrant batte plus vite,
Bienheureuse est cette nuit !
Jean de la Ville de Mirmont (1886 - 1914)
Extrait de L'horizon chimérique
Diane, Séléné
Diane, Séléné, lune de beau métal,
Qui reflète vers nous, par ta face déserte,
Dans l'immortel ennui du calme sidéral,
Le regret d'un soleil dont nous pleurons la perte.
O lune, je t'en veux de ta limpidité
Injurieuse au trouble vain des pauvres âmes,
Et mon cœur, toujours las et toujours agité,
Aspire vers la paix de ta nocturne flamme.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Tristesses de la Lune
« Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil. »
Théodore de BANVILLE (1823-1891)
La lune
« Avec ses caprices, la Lune
Est comme une frivole amante ;
Elle sourit et se lamente,
Et vous fuit et vous importune.
La nuit, suivez-la sur la dune,
Elle vous raille et vous tourmente ;
Avec ses caprices, la Lune
Est comme une frivole amante.
Et souvent elle se met une
Nuée en manière de mante ;
Elle est absurde, elle est charmante ;
Il faut adorer sans rancune,
Avec ses caprices, la Lune. »
Raymond QUENEAU (1903-1976)
La Lune
Sur la lune de lait caillé
On voit un bonhomme.
Il porte sur son dos
Un fagot de gros bois.
Ça doit être bien lourd
Car il n'avance pas.
Il est là chaque mois,
Bûcheron d'autrefois.
Sur la lune de néon
On voit un astronaute
Il porte sur son dos
La fusée du retour.Il est déjà parti
Il n'y a plus personne
Entre la mer des Crises
Et la Sérénité.
Sur la lune de néon,
On a peint les yeux, la bouche,
Le nez et un gros bouton
Sur lequel dort une mouche.
Toujours on a eu l'impression
Que cet objet astronomique
Était à portée de la main
Familier, mélancolique.
Paul Verlaine (1844 - 1896)
1er poème du recueil « les fêtes galantes »
Clair de Lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Clair de Lune , Recueil "Alcools"
Lune melliflueuse aux lèvres des déments
Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands
Les astres assez bien figurent les abeilles
De ce miel lumineux qui dégoutte des treilles
Car voici que tout doux et leur tombant du ciel
Chaque rayon de lune est un rayon de miel
Or caché je conçois la très douce aventure
J’ai peur du dard de feu de cette abeille Arcture
Qui posa dans mes mains des rayons décevants
Et prit son miel lunaire à la rose des vents.
S.Grich
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